DE EN ES FR IT TR

Comment les actions tokenisées font entrer la Bourse dans l’ère du 24/7

1. La révolution du trading boursier ?

Wall Street ferme ses portes. La blockchain, jamais.
Ce qui ressemble à de l’anarchie financière pour la finance traditionnelle est vu comme un atout dans l’univers crypto : trader des actions à toute heure, même quand la Bourse dort.

Les actions tokenisées comme bTSLA, bMSFT ou encore bCSPX (une version tokenisée du S&P 500) sont disponibles 24h/24 sur Ethereum et ses Layer 2 – grâce à des émetteurs comme Backed Finance, qui détiennent les actifs sous-jacents (ou des produits dérivés) et répliquent leur prix via un token ERC‑20.

Cela ressemble à une évolution naturelle : des actifs traditionnels intégrés à l’univers ouvert et décentralisé de la blockchain.
Mais c’est là que les choses se compliquent. Car si les actions classiques reposent sur un marché régulé, le prix du token évolue de nuit dans un univers parallèle – sans surveillance, sans prix de référence, sans filet.

Bienvenue sur le marché 24/7. Mais attention à ne pas y entrer les yeux fermés.


2. C’est quoi une action tokenisée, exactement ?

Commençons par l’essentiel : une action tokenisée n’est pas une action au sens juridique.
Vous n’êtes pas inscrit au registre des actionnaires, vous n’avez pas de droit de vote, et personne ne vous invitera à l’assemblée générale. Ce que vous possédez, c’est une réplique numérique du prix de l’action, sous forme de token ERC‑20 sur Ethereum.

Exemple :
Backed Finance émet des tokens comme bTSLA (Tesla) ou bMSFT (Microsoft). En arrière-plan, l’entreprise détient les titres réels – ou des dérivés structurés – via une banque dépositaire. Le token reflète alors le cours de l’action, avec plus ou moins de fidélité.

Quels avantages ?

  • Trading 24/7, sans dépendre des horaires boursiers
  • Programmabilité, pour les smart contracts ou stratégies automatisées
  • Intégration DeFi, comme collatéral ou actif de trésorerie

Mais attention : vous n’achetez pas une entreprise. Vous achetez une promesse numérique que quelqu’un détient bien l’actif (ou un équivalent).
Vous ne comptez ni sur BlackRock, ni sur le Nasdaq, ni sur la SEC.
Vous faites confiance à un smart contract – et à l’émetteur qui l’alimente.


3. Comment fonctionne le trading 24/7 ?

Les actions tokenisées ne se négocient pas sur le NASDAQ – mais sur Uniswap.
Et ça change tout.

Tandis que les marchés traditionnels s’appuient sur des carnets d’ordres, des horaires fixes et des régulateurs, les actions tokenisées se tradent exclusivement on-chain. Elles changent de main sur des DEX ou via des transactions de wallet à wallet – sans cloche d’ouverture, ni prix officiel.

Un token comme bTSLA peut suivre le cours de Tesla – tant que quelqu’un assure la synchronisation.

Mais une fois les marchés fermés, c’est une autre histoire :

  • Le prix se base sur le dernier cours connu
  • Puis il s’ajuste selon l’humeur, les rumeurs et les attentes
  • Parfois, des oracles aident – mais ils ne sont pas toujours à jour ni fiables

En résumé :
Ce qui se négocie la nuit sur la blockchain est une ombre du vrai marché – parfois en phase, souvent en décalage.
Résultats financiers, tensions géopolitiques, tweets d’Elon : le token peut réagir… ou pas.
Et quand le marché ouvre à nouveau, ça peut corriger brutalement.


4. Les risques des actions tokenisées

Plus de liberté implique plus de responsabilité.
Trader hors des marchés régulés, c’est accepter de se passer du filet. Voici les principaux risques :

Risque de prix – Un marché sans repère

Le plus évident : le prix du token peut – et va – diverger du vrai cours.
En dehors des horaires boursiers, il n’y a plus de prix officiel. Ce qui reste, c’est la loi du plus fort – ou du plus rapide.

  • Vous achetez bTSLA à 260 $ la nuit
  • Le NASDAQ ouvre à 250 $

Bienvenue dans le gap.

Vous pensez que l’arbitrage corrigera tout ? Pas si simple. Beaucoup de ces tokens ont une liquidité très faible. Et l’arbitrage n’est possible que si le capital nécessaire est là.

Risque de liquidité – Beaucoup de liberté, peu de profondeur

Sur les DEX, les volumes sont souvent symboliques.

  • Spreads gigantesques
  • De petites ordres déplacent le marché
  • Pas d’ordres limit, juste du slippage et de la chance

Trader la nuit ? Mieux vaut avoir un plan de sortie clair.

Risque lié à l’émetteur – La confiance n’est pas un contrat

Tout repose sur une structure de confiance. Un émetteur comme Backed Finance détient l’actif ou un dérivé, et promet que le token reflète sa valeur.

Mais que se passe-t-il si :

  • L’émetteur fait faillite ?
  • La conservation échoue ?
  • Le régulateur intervient ?

Vous ne détenez pas l’action. Vous détenez une promesse.
Un token = une promesse, pas une garantie.

Risque réglementaire – Une zone grise à haut risque

Ces tokens évoluent dans un flou juridique entre finance traditionnelle et DeFi. Leur statut est souvent incertain :

  • Risque de révocation ou d’interdiction
  • Restrictions selon la nationalité (ex. citoyens US)
  • Pas de protection des dépôts, ni garantie pour l’investisseur

Et les règles changent vite. Une nouvelle loi peut balayer tout ça en une nuit.

Risque technique – Un smart contract, ce n’est pas magique

Même avec un émetteur fiable, le code peut casser.
Oracles, bridges, contrats… chaque maillon peut céder :

  • Oracles manipulés → prix erronés
  • Hacks de bridge → tokens perdus
  • Bugs → fonds bloqués ou perdus

La sécurité en DeFi, c’est une course permanente. Et ici aussi, personne n’est à l’abri.


5. Pourquoi ça attire quand même ?

Si c’est si risqué… pourquoi ça séduit autant ?

Simple : parce que c’est possible.
Et parce que ça répond à un problème que la finance traditionnelle ignore depuis trop longtemps :
les marchés sont lents, fermés et pleins de frictions.

Esprit crypto – Si ce n’est pas 24/7, c’est cassé

Dans DeFi, « trading » ne rime pas avec « heures de bureau ».
Les actions tokenisées offrent une exposition TradFi, à la sauce crypto :

  • Disponibles à toute heure
  • Sans intermédiaire
  • Juste une wallet

Pour beaucoup, ce n’est pas une option. C’est une conviction.
Les marchés doivent être ouverts, globaux, et permanents. Les tokens livrent ça – avec des contreparties.

Trésoreries on-chain & DAOs

Pour les DAOs ou les trésoreries décentralisées, ces actifs font sens.
Au lieu de laisser des stablecoins dormir, pourquoi ne pas les allouer à des actifs du monde réel avec un risque connu ?

Exemple :

  • Détenir des actions Tesla tokenisées
  • Les utiliser comme collatéral
  • Le tout, 100 % on-chain

Ce n’est pas du bricolage – c’est de la compta DeFi avec exposition réelle.

Arbitrage, alpha, pionniers

Là où il y a inefficacité, il y a opportunité.
Et dans un marché jeune, l’inefficacité est partout.

Les pros le savent : les écarts de prix, la faible liquidité et l’incertitude réglementaire sont autant de leviers pour générer de l’alpha.
Le risque est réel – mais le potentiel aussi.


6. La liberté a un prix

Les actions tokenisées ne sont pas un gadget. Elles représentent une étape logique pour intégrer la finance traditionnelle à l’univers crypto.
Plus de flexibilité, plus d’accessibilité – et une logique de marché radicalement différente.

Mais : si vous voulez trader 24/7, il faut assumer le risque 24/7.

Tout semble parfait – jusqu’à ce que vous doubliez votre position à 3h du matin, et que le marché réel ouvre… à contre-courant.
Et si quelque chose casse, ni la SEC ni votre broker ne viendront à la rescousse.
Juste vous, votre wallet – et ce que vous avez compris de ce que vous avez acheté.