Les stablecoins tiennent-ils vraiment leurs promesses ?
1. Pourquoi les stablecoins jouent un rôle clé dans l’univers crypto
Depuis les débuts de la crypto, une chose est claire : on parle ici d’argent 100 % numérique. Ce qui change tout. Contrairement aux outils financiers traditionnels, il n’y a plus besoin de lien direct avec le monde réel. Les cryptos évoluent dans leur propre écosystème – avec tous les avantages… et les risques que cela implique.
Car au final, gains ou pertes ne deviennent concrets qu’au moment où l’on revient dans le monde fiat. Et c’est là que se joue la grande différence avec les systèmes classiques.
Pouvoir quitter l’écosystème crypto – en d’autres termes, repasser en monnaie fiduciaire – est essentiel. L’idée que la crypto fonctionne sans dépendre des banques séduit, bien sûr. Mais si tu es coincé dedans quand ça chauffe, ce n’est plus un avantage – c’est un piège.
2. Ce qui rend vraiment une stablecoin « stable »
Sans entrer dans les détails techniques : toutes les stablecoins ne se valent pas. Derrière les noms accrocheurs, on retrouve en fait trois grandes familles :
- Stablecoins adossées au fiat : des tokens garantis par une monnaie traditionnelle.
- Stablecoins collatéralisées en crypto : garanties par d’autres cryptos, souvent en surcollatéralisation.
- Stablecoins algorithmiques : les plus complexes… et les plus risquées.
Les fiat-backed : simple, mais pas sans zones grises
Le principe est clair : une entreprise reçoit des dollars, émet des tokens en échange. L’avantage ? On a une contrepartie identifiable, potentiellement régulée.
Mais attention : si cette entreprise est installée dans un paradis fiscal ou un pays à la législation "flexible", c’est rarement par hasard. Et même sous régulation, tout dépend de la juridiction. Ce qui est autorisé aujourd’hui peut être interdit demain.
Cela dit, dans un cadre légal solide, avec une entreprise fiable, ce type de stablecoin peut offrir une réelle sécurité – à condition que les intérêts de tous les acteurs, y compris les régulateurs, soient alignés.
Les crypto-collatéralisées : stable… tant que tout va bien
Ces modèles sont souvent moins régulés, mais techniquement innovants. Le principe : on dépose des actifs (souvent ETH) pour émettre une stablecoin. Tant que les marchés tiennent, ça roule. Mais si les prix chutent, tout l’équilibre peut s’effondrer.
Et plus le mécanisme est complexe, plus le risque de bugs ou d’erreurs non détectées augmente. Qui a à la fois les compétences en dev et en finance pour auditer ces systèmes ? Pas grand monde. Et ça, c’est déjà un risque en soi.
Les algorithmiques : quand la complexité devient un danger
Le top niveau de l’instabilité. Derrière les mots savants et les modèles mathématiques, ces projets s’écroulent souvent quand le marché déraille.
Leur fonctionnement : des règles ajustent automatiquement l’offre de tokens pour maintenir le peg. Mais ces tokens de « régulation » sont eux-mêmes ultra-volatils, sans réelle utilité. Résultat : deux fois plus de risques. Si la communauté lâche le projet, le système s’effondre.
Ce que les échecs passés nous ont appris
USDT : Le stablecoin le plus connu. Officiellement adossé au dollar. Officieusement, souvent critiqué. Les « preuves » de ses réserves ont parfois frisé le ridicule – mais Tether tient toujours.
USDC : Géré par Circle en partenariat avec Coinbase. De gros noms, oui. Mais même les plus gros peuvent tomber. Régulé, transparent – ça rassure, mais ce n’est pas une garantie absolue.
Terra USD, FRAX & co : Le cas Terra est emblématique. Présenté comme révolutionnaire… puis effondré. Résultat : un crash monumental, et le fondateur face à la justice. Moralité : méfie-toi des discours trop techniques qu’on ne peut pas t’expliquer simplement.
Quand les États veulent encadrer les stablecoins
Les régulateurs ont les stablecoins dans le viseur – et pas uniquement à cause du blanchiment. Si leur adoption explose, ils pourraient bouleverser l’équilibre financier mondial.
Mais la régulation est un jeu d’équilibre : trop stricte, et l’innovation file dans l’ombre. Trop laxiste, et les risques explosent.
Prenons USDT : s’il s’écroulait demain, l’État se dédouanerait sûrement en disant « c’est le risque crypto, vous étiez prévenus ».
Quant à leur usage comme monnaie de paiement ? Techniquement possible, mais peu probable. Les solutions de paiement traditionnelles restent plus simples et plus fiables. Là où les stablecoins ont du potentiel, c’est pour le transfert de valeur ou la tokenisation d’actifs (les fameux RWAs).
Gérer les risques liés aux stablecoins : une question de stratégie
La diversification, c’est le B.A.-BA. Répartir entre plusieurs stablecoins permet de lisser les risques. Mais attention : il n’y a pas de formule miracle. Tes objectifs et ton appétence au risque font toute la différence.
Et puis il y a la question des rendements. En période d’inflation, ne rien toucher peut faire mal. USDT propose souvent les taux les plus hauts – mais aussi les plus risqués. D’autres stablecoins en offrent plus… mais sans la liquidité qui rassure.
Règle de base : plus le rendement est alléchant, plus le risque grimpe. Savoir équilibrer ça fait partie du jeu.
Exemple de répartition (à adapter – ce n’est pas un conseil d’investissement)
Contexte actuel :
Marché baissier, faible activité. Les investisseurs cherchent la sécurité des stablecoins.
Perspectives :
Remontée lente vers un nouveau bull run. Les taux restent stables ou augmentent légèrement. La régulation progresse.
Hypothèses :
- USDC reste une valeur sûre
- USDT reste rentable mais risqué
- Les plateformes DeFi gagnent en maturité
- La demande pour des produits stables augmente
Répartition type :
USDC :
- Sécurité : élevée, régulé, transparent
- Rendement : faible mais stable
USDT :
- Sécurité : opaque, mais très utilisé
- Rendement : élevé, mais risqué
DAI :
- Sécurité : décentralisé, surcollatéralisé
- Rendement : moyen, variable selon l’usage DeFi
Algorithmiques :
- Sécurité : très faible
- Rendement : potentiellement élevé, mais très instable
Conclusion : toutes les stablecoins ne se valent pas – et c’est tant mieux
Il n’existe pas UNE stablecoin parfaite. Et cette diversité est une force. Elle permet d’adapter ses stratégies, d’optimiser ses rendements, et surtout : de mieux gérer ses risques.
Mais une seule chose compte vraiment : regarde sous le capot. Qui émet la monnaie ? Quel est le mécanisme de stabilisation ? Que se passe-t-il en cas de crise ? Dans la finance – et encore plus en crypto – l’aveuglement n’a jamais été une stratégie gagnante.